L’efficacité du massage en kinésithérapie

L'efficacité du massage en kinesithérapie

La massokinésithérapie est une technique de rééducation arrivée en France au début du siècle dernier. Actuellement, la pratique est en pleine mutation, évoluant d’une pratique basée principalement sur l’expérience vers une pratique simultanément fondée sur l’expérience clinique, le projet du patient et les preuves rejoignant le modèle de l’evidence-based physiotherapy. Les prises en charge s’orientent vers des pratiques plus efficientes, au bénéfice des patients.
Dans ce contexte, l’objectif est de rapporter les effets théoriques attendus du massage afin de proposer une pratique basée sur les preuves. Sont repris ici les aspects législatifs et pratiques du massage, puis restituées les données de la littérature afin d’amener à une analyse critique des pratiques.

Quelle est la définition du massage et sa législation ?

Le massage se définit comme « la manipulation des tissus mous du corps entier pour avoir des améliorations générales en santé, comme la relaxation ou l’amélioration du sommeil, ou avoir des bénéfices physiques, comme le relâchement musculaire ou la diminution de la douleur ». La massothérapie est « l’action manuelle de toucher en glissant, pressant, pétrissant ou exerçant toute forme de manipulation des tissus mous d’un sujet, dans le but d’une réaction, consciente ou non ». 

Le massage dit suédois ou classique se présente comme une thérapie des tissus mous qui va associer sept techniques : l’effleurage, les pressions glissées profonde et statique, le pétrissage, les vibrations et les percussions.
Le mot massage semble avoir différentes origines : l’arabe mass, signifiant palper/toucher, le grecque massein qui traduit l’action de frotter. L’hébraïque massech et le sanscrit manas expriment eux la faculté de penser.

En France, la définition légale du massage est celle de l’article R. 4321-3 du Code de la santé publique codifiée par le décret 2004-802 du 29 juillet 2004 : « On entend par massage toute manœuvre externe, réalisée sur les tissus, dans un but thérapeutique ou non, de façon manuelle ou par l’intermédiaire d’appareils autres que les appareils d’électrothérapie, avec ou sans l’aide de produits, qui comporte une mobilisation ou une stimulation méthodique, mécanique ou réflexe de ces tissus. » Le décret a été abrogé à la suite à la codification du texte aux articles R. 4321-1 à R. 4321-13 du Code de la santé publique ; la définition est donc toujours en vigueur.

Actuellement, en France, la pratique du massage thérapeutique est un monopole réservé aux seuls masseurs-kinésithérapeutes.

Les effets bénéfiques du massage chez le bébé

Chez le bébé prématuré, les effets bénéfiques du massage se traduisent notamment par une prise de poids, une amélioration du sommeil, une diminution des pleurs et de l’agitation et du stress (notamment le hoquet). Chez le bébé non prématuré, un massage effectué par les parents préalablement formés apporte un gain de poids et un meilleur développement lors du premier mois (meilleure performance d’orientation, moins d’excitation et un score de dépression plus faible sur l’échelle de Brazelton). Ces améliorations se poursuivent par une diminution de l’irritabilité et des troubles du sommeil.

Les effets bénéfiques du massage chez le sportif

Les trois points majeurs d’étude dans le domaine sportif sont la préparation de l’activité, la récupération musculaire et la prévention des blessures. L’utilisation du massage est recommandée dans la récupération musculaire après une course à pied de 10 km. Dans certains sports comme l’escalade, les grimpeurs blessés on besoin d’une prise en charge de kinésithérapie très spécifique. De plus, lorsque l’on a déjà reçu un massage on présente un niveau de récupération musculaire supérieur par comparaison à ceux sans expérience préalable du massage.
Le massage a des effets psychologiques sur la récupération, qu’il réduit la sévérité de la douleur musculaire sans toutefois avoir d’effet sur la perte fonctionnelle. 

Les effets bénéfiques du massage sur le sommeil

Chez des sujets déments institutionnalisés, il existe une amélioration significative de la durée du sommeil (+ 36 min) après un massage du dos de seulement trois minutes
Le massage des pieds, de type réflexologie soulagerait la fatigue et améliorerait le sommeil.
À l’inverse, dans le cas de la fibromyalgie, fréquemment associée à une fatigue importante due à des troubles du sommeil ont ne retrouve pas d’effet significatif du massage sur le sommeil.
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Les effets bénéfiques du massage sur la posture

Le rôle du massage et de la manipulation de la cheville et du pied sur le contrôle postural de sujets âgés a été étudié par une équipe française de Grenoble. D’abord, dans une étude randomisée contrôlée avec un groupe placebo, ils ont évalué le contrôle postural au moyen d’une plateforme de force sur 70 sujets âgés institutionnalisés. Les auteurs observent qu’une séance de manipulation de la cheville et du pied pendant 20 minutes permet de compenser les déséquilibres résultant d’une occlusion visuelle.
Ensuite, sur une évaluation du même type chez 28 sujets âgés hospitalisés, ils montrent également les effets bénéfiques de ce type de séance sur deux tests cliniques, le One Leg Balance et le Timed Up and Go.

Les effets bénéfiques du massage sur la douleur

Les différentes théories d’action du massage sur la douleur sont la théorie du gate-control, l’activation parasympathique, l’action chimique, l’effet mécanique, la restauration du sommeil ou l’attention interpersonnelle.

Une revue systématique, dans le cas de migraine, évalue le massage comme équivalent à la kinésithérapie active, la relaxation, les manipulations vertébrales, l’utilisation de propanolol ou de topiramate.

Une méta-analyse sur les effets du massage sur la douleur lombaire conclue à son intérêt dans le cas de douleur subaiguë et chronique, surtout s’il est associé à des exercices et une éducation du patient.

Dans leur méta analyse sur le massage dans le cadre de douleurs liées à la grossesse, Smith et al. (2012) concluent
à son utilité potentielle, mais aussi à la nécessité de poursuivre les recherches.
Dans une revue, Falkensteiner et al. (2011) s’intéressent au massage dans le cadre de soins palliatifs liés au cancer. Si le massage ne remplace pas le traitement pharmacologique, ces auteurs le préconisent dans la prise en charge globale associée, notamment s’agissant de la réduction de la douleur, et de la réduction de l’anxiété et de la dépression.

Le massage est une des techniques du masseur-kinésithérapeute. Le massage à un intérêt dans le cadre d’une association à d’autres prises en charge
(pharmacologique, physique, etc.).

Le massage semble présenter un intérêt certain dans d’autres prises en charge telles que l’activation des processus sensorimoteurs, l’amélioration de la posture, de la mobilité des membres, du sommeil, de la qualité de vie du bébé, etc.